[100 #PortraitDeStartuper] Extrait – Emmanuelle Larroque – Social Builder

100 #PortraitDeStartuper – Extrait – Emmanuelle Larroque – Social Builder

Vous vous demandez si vous avez le profil pour créer votre startup ? Si vous serez un.e entrepreneur.e à succès si vous tentez votre chance ? Si cela vous rendra heureux.se ?

Voici 4 préceptes clés qui expliquent le succès des startupeurs.ses, non seulement à concrétiser une idée nouvelle en business rentable mais surtout, à prendre du plaisir à vivre cette aventure.

Les moteurs des individus pour la création d’entreprise sont pluriels (sécurité matérielle, reconnaissance, impact, enrichissement personnel, autonomie…), certaines expériences par lesquelles ils passent lorsqu’ils créent une startup sont identiques. Si vous pensez que vivre ces expériences vous apportera l’épanouissement attendu, foncez !

Ai-je le désir réel de m’adonner à un processus créatif infini ?

Pour qu’une idée originale devienne réalité, il faut y croire, vraiment ! L’entrepreneur.e n’est rien d‘autre qu’un.e rêveur.se qui s’ignore, un.e artiste qui fait d’une chimère, la vie. Formidable pouvoir de la pensée humaine, qui peut créer la réalité à partir d’une vision ou d’une croyance. Pour qu’une idée folle devienne une création dans le réel, trois ingrédients sont nécessaires à l’entrepreneur.e : la pensée, l’énergie, la conscience. La pensée, l’idée, est la force créative. L’énergie est la matière première qui va générer l’action nécessaire à la concrétisation de la pensée. Enfin la conscience permet la présence et l’engagement dans l’action de créer. Non, la pensée n’a pas de pouvoir concret en elle-même, c’est l’association de la pensée, d’une énergie créative et de la conscience de la réalité qui catalyse le processus créatif. Si j’ai conscience, énergie et idée, est-ce la garantie que la voie du succès s’ouvre à moi ? Et bien tout dépend de la qualité de l’idée et de votre capacité à l’exécuter. Puis-je savoir en avance si mon idée est la bonne alors ? Non. Lorsque nous sommes convaincus d’avoir LA bonne idée, nous filtrons les informations avec le filtre de cette croyance et pouvons donc passer à côté d’importants faits et feedbacks. Même les professionnel.le.s de notre secteur (investisseurs.ses, expert.e.s etc.) peuvent se fourvoyer sur le potentiel d’une nouvelle idée, eux.elles-mêmes ancrés dans les certitudes issues de leurs expériences passées. Bien des recherches témoignent que pour générer une idée disruptive, cents autres doivent être passées à l’épreuve de la réalité. La qualité des idées dépend de la quantité. Souvent une idée donne naissance à une seconde jusqu’à aboutir à de nouvelles plus puissantes. Et quand L’idée est enfin apparue, pour qu’une idée originale rencontre le succès attendu, elle doit combiner nouveauté ET praticité. Pour résumer, pour créer une startup innovante, je dois vouloir dédier mon énergie à concrétiser une idée, qui pourrait certainement ne pas être la bonne ou tout du moins, son exécution et sa rencontre avec le marché doit passer par un processus d’adaptation continue… Alors, la vraie question à me poser tient à : serais-je épanoui dans une incertitude permanente ? Si ma réponse est OUI, alors je peux me confronter au second précepte…

Ai-je un désir profond de vivre en interdépendance ?

L’entrepreneuriat est un processus créatif collectif. La starification des startupeurs.ses pourrait laisser croire que de l’idée d’une personne visionnaire naît une machine bien huilée, si et seulement si, la personne en question développe la constellation de compétences attendues et tient les rênes de ladite startup, garante unique de sa prospérité. Il n’en est rien. De toutes les expériences entrepreneuriales que j’ai pu observer, sans oublier mon vécu d’entrepreneure, je constate que l’entrepreneuriat est l’aventure créative collective par excellence. De l’idée, à la prospérité jusqu’à la mort d’une startup, toutes les étapes sont collectives. L’idée, elle est déjà dans l’air, issue d’une combinaison, d’une mutation d’autres idées qu’un individu prend au vol pour en faire une réalité. Maintenant même si l’entrepreneur.e croit en l’idée suffisamment pour en faire un héritage de son époque, bien en amont, l’idée doit être enrichie, mise à l’épreuve d’autres idées, expériences mais surtout besoins. C’est bien dans cette perspective que les entrepreneur.e.s sont invités à parler de leur idée dès l’émergence pour qu’elle commence à se confronter au monde. Quand l’idée devient produit ou service, elle n’existe que comme réponse à un besoin. Et avant même que l’idée devenue service / produit ait rencontré son marché, tout ceci n’a été possible que si l’entrepreneur.e a convaincu d’autres personnes qui ont donné une chance à cette idée pour la concrétiser à mes côtés. La mort est tout autant une affaire de collectif, que ce soit la mort de l’idée ou la mort de l’empire.

L’offre ne rencontre plus de besoin, de promoteur, d‘envie… elle est inutile. De cette règle, un autre enjeu crucial émerge : je choisis une équipe, des partenaires voire des clients qui seront alignés avec cette même exigence. Quand on demande aux investisseur.se.s le critère déterminant pour parier sur un projet, ils/elles répondent en cœur : l’humilité de l’équipe, sa capacité à re.connaître les zones d’incertitudes ou les points faibles du projet, se remettre en question suffisamment pour grandir dans la durée et s’entourer pour surmonter les difficultés.

Etre entrepreneur.e, c’est souhaiter que son devenir professionnel dépende à 100% de sa capacité à créer des relations  positives avec les autres, investisseurs.ses, partenaires, salarié.e.s, client.e.s, fournisseur.e.s… Ce qui signifie, ajuster, refondre, développer sa startups selon les attentes divergentes de centaines de personnes tout en restant le/la garant.e de la direction du projet. Un des moteurs de l’entrepreneuriat peut être la liberté… Oui mais une liberté née de l’interdépendance. La seconde question à me poser avant de passer au troisième précepte : suis-je prêt.e à la jouer collectif tout en gardant la vision de la direction pour franchir la ligne d’arrivée dans les meilleures conditions ?

Non je ne suis pas fou.folle mais prêt à prendre un pari ?

Les startupeurs.ses de géni ou de renom n’ont rien de plus que vous ou moi, ils/elles sont monsieur et madame tout le monde qui a un moment de leur vie prennent un pari. Contrairement aux idées reçues, ils/elles n’ont que rarement pris des risques inconsidérés. Ils/elles peuvent véhiculer une image d’assurance et d’audace inédite en surface. Mais au tréfonds, comme vous et moi, ils/elles ont plein de doutes et de peurs. Ce qui souvent leur donne la liberté de s’abandonner à l’aventure entrepreneuriale, c’est leur capacité à sécuriser d’autres piliers essentiels par ailleurs (un revenu minimum par un boulot alimentaire, des relations personnelles stables etc.). La sécurité dans un domaine nous donne la liberté de prendre des risques dans d’autres. Les startupeurs.ses à succès limitent le risque de prendre des risques ! Les études témoignent du fait que les entrepreneurs qui ont tout quitté pour commencer leur entreprise ne sont pas plus couronnés de succès que ceux qui gardent un travail alimentaire et que les premiers à lancer une idée innovante ne sont pas ceux qui s‘en sortent le mieux sur le long terme. Au contraire, les entrepreneur.e.s qui mitigent les risques voire prennent le temps de consolider un projet tout en s’assurant de la maturité d’un marché, construisent des entreprises plus solides sur le long terme. Donc si je suis une personne rationnelle qui comprend mes besoins essentiels, je sais comment construire les bases dont j’ai besoin pour me sentir libre de créer. Mais je dois tout de même prendre un pari !

Ah oui, dernière chose à savoir…

Am I ready to work my ass off – notion bien plus explicite en anglais !

Ce qu’on ne dit que trop rarement et qui pourtant me parait essentiel : créer une startup innovante et ambitieuse est un parcours qui ne se fait pas sans une certaine dose d’effort. Chacun.e place le curseur où il/elle veut bien sûr mais tout projet d’envergure implique une forme de détermination. Oui, les entrepreneur.e.s se réveillent la nuit pour des problèmes de trésorerie, oui ils/elles finalisent des dossiers les weekends et répondent à des emails en vacances… personne n’y coupe. Après, chacun se fixe ses objectifs. Mais c’est une réalité à ne pas négliger surtout quand vos relations personnelles n’ont pas d’expérience de l’entrepreneuriat. Parce que ce type d’engagement ne s’explique pas à des personnes qui n’ont pas les mêmes objectifs que vous. Vous devrez accepter qu’ils ne comprennent pas votre choix et ses implications. Il faut beaucoup de pédagogie pour rassurer sur ses choix et ne pas se sentir déstabilisé ou culpabilisé ; être responsable de ses choix jusqu’au bout. Autre corollaire, lorsque l’entreprise décolle et que des personnes vous rejoignent, à un moment notamment où le risque voire l’investissement attendu est plus limité, elles n’ont aucune idée du travail que cela a nécessité pour en arriver là.

Elles attendront que les projets soient sur des rails, que ça se développe gentiment afin d’en tirer un réel accomplissement professionnel… Les personnes que j’appellerais des salarié.e.s entrepreneur.e.s, prêts à prendre un risque pour soutenir le développement d’une entreprise, de s’impliquer pour construire et pas seulement pour prendre le ici maintenant le plus vite possible et s’envoler très vite dès la première difficulté, ces personnes sont plus que précieuses. Choyez-les ! Elles sont rares, n’en tirent pas la gloriole que les fondateurs.trices peuvent en tirer surtout lorsque le succès est là, pourtant elles sont les piliers du devenir de l’entreprise. Donnez-leur l’espace de compter dans l’histoire de la startup.

Je souhaite m’abandonner à l’incertain de la création, être à l’écoute des autres et ajuster en continue à chaque étape du projet, prendre un risque professionnel sans garantie de reconnaissance financière ou sociale, le tout avec effort et détermination motivés par un sentiment d’accomplissement que seul.e je saurai nourrir. Voilà le profil de l’entrepreneur.e épanoui…

A bon.ne entendeur.se !


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Emmanuelle LARROQUE, Directrice de Social Builder, startup sociale dédiée à la concrétisation de l’égalité et la mixité femmes-hommes

Emmanuelle a fondé la startup sociale Social Builder en 2011 qui développe des démarches innovantes dédiées à concrétiser l’égalité et la mixité femmes-hommes dans le monde économique.

Parmi ses actions, Social Builder développe le programme Jeunes Femmes et Numérique, un accélérateur de carrières pour 100 000 talents féminins et startupeuses du digital.

Sociologue des organisations et de l’innovation, spécialisée sur la construction de la mixité femmes-hommes dans les sphères de pouvoir, elle est diplômée de l’Université Dauphine, titulaire du Master Grandes Ecoles de NEOMA Business School. Elle a exercé des responsabilités aussi variées que Consultante en management, Responsable RSE, Responsable d’un incubateur d’entreprises sociales et formatrice en Leadership.

Emmanuelle est fellow 2013 du programme entrepreneurs sociaux Ariane de Rothschild 2013.

Site internet : http://www.socialbuilder.org
LinkedIn : https://fr.linkedin.com/in/emmanuelle-larroque-2aa382
Twitter : https://twitter.com/emmalarroque


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