#PortraitDeStartuper #75 – Republike – Etienne de Sainte Marie @de_Sainte_Marie #Startup #FrenchTech

#PortraitDeStartuper #75 – Republike – Etienne de Sainte Marie

Comment décririez-vous votre entreprise ?
Nous sommes à la croisée du social media et du jeu. Notre objectif est de gamifier le contenu à travers un concept entièrement novateur de batailles, tous thèmes, tous supports afin de proposer le meilleur contenu généré par l’utilisateur (UGC) au monde.

Notre ambition est de devenir une encyclopédie gamifiée multisupports.

En plaçant au cœur de la conception de Republike, le contrôle des données personnelles et la nature et la qualité des contenus dans les mains de l’utilisateur, nous voulons aussi créer une opportunité de reprendre la main sur notre vie numérique et offrir la possibilité de découvrir de nouvelles choses, de sortir des « bulles de filtres » et de penser « hors de la matrice ».

Pourquoi ce choix de produit / service ?
En une phrase : parce que nous pensons qu’il est temps de remettre le contrôle des contenus et des données personnelles dans les mains des utilisateurs et que le concept ludique et novateur de bataille en est un excellent moyen.

L’idée initiale n’est pas de moi. L’histoire du projet est partie de blagues de potaches par emails entre amis. Au milieu des années 2000, nous étions plusieurs à être consultants dans des banques ou des cabinets d’avocats et souvent, notamment en fin de semaine après la soirée de la veille ou le dîner du jeudi soir, fatigués et attendant le weekend entre deux PowerPoint ou deux modèles Excel, nous nous envoyions des blagues dans des groupes de mails et la surenchère pouvait durer.

De mon côté, je suis tombé dans ce projet un peu par hasard lorsque l’un de mes amis proches, lui aussi participant à ces échanges de blagues, m’a sollicité quand je quittais un précédent job afin de monter un projet de plateforme de bataille de contenus dans cet esprit potache. Je n’avais pas du tout prévu de me lancer dans un projet lié au web, mais, après un mois de break, j’ai vu tout le potentiel qu’il pouvait y avoir dans la bataille de contenus, bien au-delà de la blague et de la stricte surenchère ainsi que le vide qu’il y avait à ce niveau. Sur le plan personnel, le momentum aussi était bon pour moi et j’ai donc accepté de me lancer, quitte à refuser des offres vraiment intéressantes et bien moins risquées. Je précise ça car cette décision n’a donc pas été évidente mais il fallait qu’elle soit prise à 200% et c’est crucial pour se donner le maximum de chances de réussir un projet entrepreneurial il me semble. Ces offres ont donc mis à l’épreuve mes motivations et m’ont servi de révélateur. Cela a été un moment très important sur le plan psychologique.

Quels sont vos ambitions, vos objectifs pour votre entreprise ?
L’ambition est très clairement globale. C’est dans l’ADN du projet. Non seulement parce qu’il est fondé sur un principe de viralité très forte et un puissant esprit communautaire mais aussi parce que nous sommes convaincus qu’il manque quelque chose dans l’espace digital à ce niveau et, en s’engageant un peu plus, qu’il est temps de disrupter certaines choses au niveau du contenu et des données personnelles et qu’il y a une demande pour ça, aussi bien dans le monde digital que dans le monde réel. Nous visons les gens appartenant au concept de « Cultural creatives », utilisateurs actifs sur les réseaux, souvent attachés à défendre des idéaux qui dépassent leurs simples intérêts personnels, libre-penseurs revendiqués et n’appartenant à aucune communauté, ET SURTOUT s’imaginant seuls et / ou assez isolés alors qu’aujourd’hui on estime que cette population représente 50% des utilisateurs du web, et ne cesse d’augmenter.

Comment vous décririez-vous en tant qu’entrepreneur ?
Je dirais que je mise beaucoup sur l’intuition, l’empathie, la radicalité et la responsabilisation.

Fondamentalement, je suis convaincu que le fond de la réalité est irrationnel et qu’on ne l’approche donc pas d’abord par la raison mais par l’intuition. Et qu’il est capital de ne pas négliger celle-ci et de la travailler. La raison venant ensuite en support.

Cela se traduit évidemment en premier lieu dans la définition de la notion délicate de « vision » mais aussi sur le plan humain. Pour moi, l’harmonie de l’équipe est une notion sur laquelle je ne transige pas. Mais c’est assez inné chez moi, ce qui me rend la chose plus facile mais a pu aussi parfois me rendre « trop gentil » et m’induire en erreur. J’ai appris de ça et je sais maintenant qu’il faut parfois savoir faire mal pour faire bien. En tout cas, il faut être extrêmement direct, je pense, et juste évidemment, en reconnaissant ses propres erreurs notamment.

Sur un plan plus général, je suis assez peu risk-adverse, voire pas du tout. Je suis convaincu qu’on peut avoir une grosse confiance en la vie à partir du moment où l’on fait ce que l’on doit faire (ce qui n’est pas forcément ce que l’on veut faire en premier lieu) et ce que l’on peut faire, au maximum, jour après jour.

Enfin je pense qu’il faut avoir le courage d’être radical quitte à se tromper. C’est quelque chose que j’ai appris aussi dans l’entreprenariat, je ne le savais pas avant : on obtient de meilleurs résultats à être radical et à agir qu’à tergiverser pendant des semaines pour peaufiner une idée ou un business plan. Dans ces conditions, je crois que si on n’est honnêtes avec soi-même, quelle que soit l’issue, on ne pourra jamais affirmer avoir été déçu par la vie. Bien au contraire, il y aura de bonnes surprises que l’on n’aurait jamais pu planifier en brainstormant interminablement.

Quelle est votre formation initiale ?
J’ai fait une école de commerce (EM Lyon) mais auparavant, j’ai obtenu une licence de philosophie à la Sorbonne.

Qu’est-ce qui vous passionne ?
Le sens de la vie, la quête de sens en général, la beauté du monde, la recherche d’une harmonie entre notre mode de vie et l’environnement, le mystère de l’existence, la volonté viscérale de rendre le monde meilleur, ce qui passe d’abord par la volonté ferme d’être chaque jour une meilleure personne.

Quel a été votre parcours d’entrepreneur ?
Professionnellement, je suis rentré dans le monde de l’entreprenariat en 2011 en intégrant une régie publicitaire sur Facebook (MakeMeReach) en tant que CFO. Mais je n’étais ni à l’origine du projet, ni associé. L’expérience, malgré de grands comme de douloureux moments, a été réellement transformante et m’a fait réaliser pleinement que je n’étais pas fait pour être salarié tout en m’apportant quelques explications sur l’origine du mal-être que je pouvais parfois ressentir dans le gros cabinet où j’avais débuté ma carrière et dans la culture grand groupe en général.

Ensuite, j’ai été directeur général d’une jeune entreprise d’aide à domicile, PME de 200 ETP malgré tout, dont les deux fondateurs étaient de vrais entrepreneurs et que nous avons géré comme une startup dans un secteur pourtant réputé « poussiéreux » et certainement pas facile. Avec de vraies réussites puisque nous avons fait croitre le revenu d’un facteur de 2,5 en 3 ans.

Quelques mois après cette expérience, nous avons lancé Republike.

Depuis quand êtes-vous entrepreneur ?
Factuellement, Republike est le premier projet dans lequel je monte dès l’origine et que je porte à 100% mais je considère donc que je suis dans cet univers depuis 2011.

Mais l’un de mes amis d’enfance me disait qu’il avait toujours su que j’étais entrepreneur alors que pour moi, pendant des années, je me sentais plutôt autant attiré par ce monde que totalement étranger à lui. Pour être honnête, je ne m’en sentais pas capable, étant issu d’une culture de gestionnaires prudents, autant dire, aux antipodes.

Quelles difficultés avez-vous rencontré dans cette aventure ?
Beaucoup mais je retiendrai 2 axes :

  • Les choix humains : sans détailler toute l’histoire nous avons dû remanier l’équipe à 2 occasions, parfois avec des gens proches et nous avons eu la chance d’avoir des gens intelligents et sains, ce n’a été facile psychologiquement pour personne. D’une manière générale, les choix humains : savoir dire non à quelqu’un qu’on estime ou dont on a besoin, ce qui peut être vicieux si on n’y prête pas attention.
  • Savoir placer correctement le curseur entre innovation et « lean ». Ce sont pour moi 2 notions opposées sur le même spectre mais pourtant essentielles. Certains vont avoir un embryon d’idée et ne faire que du test and learn pour finir par valider un produit fantastique et d’autres vont avoir une vision extrêmement forte dont ils sont certains et qu’ils voudront imposer au monde. Les 2 fonctionnent, cela dépend des personnalités et des projets. En caricaturant on pourrait mettre Facebook dans la première catégorie et Apple ou SpaceX dans la seconde. Et pour revenir sur terre, à notre niveau, je trouve qu’arbitrer ces deux notions n’est pas un exercice facile, particulièrement quand le besoin est à définir et qu’il y a volonté de disruption.

D’après vous quels sont les facteurs clés de succès pour réussir dans l’entreprenariat ?
C’est à la mode mais être « résiliant », c’est très vrai.

Vouloir changer le monde / avoir une vision ou au moins une conviction très forte.

Être radical et anti conventionnel ou tout au moins prendre très clairement les conventions pour ce qu’elles sont : juste des conventions et non la réalité. Attention, radicalité n’a rien à voir avec intransigeance mais plus avec conviction, cohérence et prise de risque assumée.

Quel mode de financement avez-vous retenu pour lancer votre société ?
Nous sommes très early stage et pour le moment nous n’avons sollicité aucun financement externe. Nous avons investi en fonds propres entre associés les moyens nécessaires au développement de la v1 de la plateforme tout en optimisant au maximum le bootstrapping jusqu’au MVP.

S’il n’y en avait qu’un, quel serait le point d’attention à surveiller en priorité lorsqu’on se lance dans l’aventure startup ?
Être convaincu de son projet et le voir grand et n’envisager aucun plan B (accepter en totalité l’idée de l’échec sans pour autant jamais l’envisager).

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui voudrait lancer sa propre startup ?
Ne fais surtout pas ça pour l’argent (il viendra tout seul si tu fais ce qu’il faut).

Si tu n’as pas l’intention coûte que coûte de coloniser Mars, teste ton idée sur les réseaux en la traduisant dans différents messages adressés à différentes cibles en faisant de petites campagnes Facebook, Instagram, Google, etc. pour identifier un début de product / market fit : avec peu de budget tu gagneras en temps fou et économiseras une tonne d’argent par rapport à ceux qui ont lancé une maquette produit ou un MVP en premier lieu (dont nous avons été…) et tu apprendras énormément de choses sur ton idée et ton marché.

Sois radical, toujours juste et honnête quitte à (te) faire du mal, fais ce que tu as à faire chaque jour.

Ne t’emballe pas quand « tout déchire » et ne déprime pas quand c’est la Berezina. A chaque jour suffit sa peine et aucun jour ne se ressemble.

Au final, vies avant tout. Ce n’est que du boulot, même si tu réussis à changer le monde avec ton idée, si ça ne te rend pas heureux ni meilleur, fais autre chose.

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