[100 #PortraitDeStartuper] Extrait – Guillaume Rovère – AssurDeal
100 #PortraitDeStartuper – Extrait – Guillaume Rovère – AssurDeal
Startup, le nouveau Graal des Grands Groupes ?
Ce qui était une jeune entreprise au XXème siècle, est devenu une sorte de quête existentielle des nouvelles générations, savamment inspirées par des années de matraquage médiatique sur les vertus de devenir « son patron ».
Comme pour bousculer l’inamovible structure ankylosée d’inspiration « gauchisante » post-soixante-huitarde, les politiques, les médias, les écoles et même les parents ont trouvé LE filon qui allait « enfin » remplacer le « tu seras fonctionnaire, mon enfant ! ».
Les mêmes catégories de parents qui, il y a 20 ans rêvaient de voir leurs enfants « mettre à l’abri » leur plan retraite, fantasment aujourd’hui avec la même ardeur, à inciter leur progéniture à se lancer dans l’entreprenariat. Que dis-je, à devenir Startuper ! Des parents qui bien souvent n’ont que peu de culture de cette démarche et de l’écosystème.
Donc, on se retrouve avec des bataillons de jeunes motivés pour lancer une activité codifiée sous une batterie de termes très valorisants comme Pitch, Scrum, Agile, DevOps, Entreprise libérée, Télé dans le réfectoire, ah non, sorry, dans l’espace détente. Mais aussi, moins drôle car beaucoup moins léger bien que tout aussi gloriole au repas de famille du dimanche à l’heure où la semoule va être recouverte des légumes à couscous, au moment où le veau a terminé de mariner dans la sauce blanche pour aller s’écraser prêt du riz long, comme les sujets liés à la toujours « prochaine » levée de fonds, des contacts avec des fonds qui opportunément voudraient absolument investir dans notre projet à prix d’or, du NDA que l’on vient de signer avec un « ENORme » groupe et enfin, les coefficients de valorisation dont on a presque de la gêne à les annoncer, tellement ils sont monstrueusement…mensongers. Devant Papy, on n’a pas envie de dire que l’on bosse sur un coin de table sans être payé, car un jour et on y croit dur comme fer, on sera le prochain Bill Gates. Alors autant commencer à les habituer à cette idée en distillant des mots creux qui font s’ouvrir les yeux de la tablée, persuadée d’avoir un petit génie à ses côtés.
Enfin, pas tous. Les jeunes qui sortent des meilleures écoles et surtout, aux meilleures places eux, hésitent plus souvent à lancer leur activité « front scratch » car ils savent qu’ils doivent rembourser leur prêt étudiant ou alors, ce sont les parents qui font tinter la cloche du montant de l’investissement réalisé pour arriver à leur diplôme. Ainsi, les meilleurs des meilleures écoles sont-ils des candidats pour la création, peut-être, mais plutôt après une dizaine d’années car les portes des grands groupes leur sont grandes ouvertes.
Ces grands groupes qui, après des années de discours, de colloques, de forums, de salons, d’articles sur l’impérieuse nécessité d’aller enfin vers une société plus ouverte par la transformation agile de leur organisation ont parfois connu des déconvenues dans l’application de cette mutation. Alors ils se prennent à imaginer vendre à leur conseil d’administration que si changer de modèle d’organisation est lourd car il nécessite l’adhésion de tous, peut-être qu’en rachetant des startups, ils pourraient analyser puis dupliquer leur modèle qui fonctionne (à 25) sur un groupe de milliers de personnes… Le plus « drôle », c’est que certains administrateurs sont emballés par cette vision « moderne » de faire changer la structure et la démarche d’un éléphant sur la base de la colonne vertébrale d’un lapin. Cela va occuper un temps les équipes financières, juridiques, commerciales, marketing, pour étudier précisément les implications, avant de stopper net le projet car une fusion est devenue prioritaire, avec un autre éléphant. Et les mois passés à dépenser des sommes folles dans cette étude parfois saugrenue sont des tortures pour le startuper cible, qui attend comme un Graal, l’annonce de la signature définitive car il vient déjà de se passer huit mois depuis la signature du NDA et de la réception fière, de la lettre de principe. Qui n’a pour seul principe, que de fixer un cadre si large, qu’un Airbus A380 pourrait atterrir sans risque avec le pilote les yeux bandés, la nuit, sous une pluie battante… Le pauvre startuper qui avait embauché et poursuivi ses investissements sur l’espérance de cette arrivée d’un acteur solide, va déchanter encore un moment. Car il va tarder encore un peu à recevoir le « no go » définitif. D’ici là, certains auront usés leurs dernières cartouches et le voile de l’agilité fermera les yeux emplis d’espoirs de nos jeunes entrepreneurs. Le temps pour une startup est une course effrénée et chaque jour est un enjeu pour sa solvabilité.
Les grands groupes ont une vision du temps qui n’a rien à voir avec la dure réalité du compte de trésorerie de la cible. Il arrive même que la startup use sa trésorerie à se faire belle pour plaire à son acheteur ou futur associé et que cela vide les caisses à tel point que l’intéressé finisse par renoncer car il a la sensation d’investir dans une structure peu viable économiquement. Amusant, non ? Enfin, pas pour celui qui a fait espérer à son équipe que l’avenir allait être rayonnant car la douche est bien froide ensuite pour relever l’enthousiasme ainsi claqué. C’est souvent le moment de démotivation non pas du startuper mais des éléments clés de son équipe. Et voilà un frêle édifice qui tangue dangereusement, juste parce que le temps est une donnée relative, à savoir apprécier à sa juste mesure. C’est comme une forte houle qui n’aura pas la même incidence sur un catboat Optimist que sur la coque d’un supertanker. Le temps agit comme la houle, capable de couler comme de porter.
Soyons positifs et admettons que tout ne s’est pas arrêté. Le startuper motivé a su passer les nombreuses étapes qui ressemblent aux astuces de la file d’attente d’une attraction de Disney. A chaque étape « finale », on vous annonce que vous avez brillamment remporté l’étape mais qu’ils ont besoin d’un peu plus d’analyse pour s’engager « à fond » derrière vous…
Donc, le startuper, épuisé mais encore debout sur son esquif tanguant de plus en plus, voit au loin, le rivage des documents mentionnant les conditions d’investissement du grand groupe dans sa petite entreprise qui ne connait rien d’autre que les crises. Il s’aperçoit que beaucoup de clauses semblent protéger les intérêts de l’investisseur et que la totalité des apports, ne verra le jour qu’à la condition de respecter l’atteinte d’objectifs précis et horodatés. Pour le startuper, ce papier signifie la fin de longs mois de sacrifices familiaux, personnels et professionnels. La préservation des sommes investies par sa famille et ses amis et qui sont le fruit du labeur de ceux qui ont eu foi en lui et qu’il ne veut pas décevoir. Alors à ce moment-là, pas qu’il ne sache pas lire un contrat ou écouter son avocat, mais la signature est quasiment la seule alternative qui lui reste avant de stopper son ambitieux projet d’émancipation sociale. Il signe. Il le fait en considérant qu’il protège aussi le job des collaborateurs qui ont donné leur confiance à un moment où la société était plus souvent dans les fonds sous-marins que sous la lumière des projecteurs.
Parfois, cette étape, si elle sauve le projet, fragilise le startuper agile qui voit arriver avec résistance les méthodes d’organisation et de contrôle du grand groupe. (A lire, l’article avec l’étude du cas Morning, de Stéphane Girardot, Consultant et #612Rencontres émérite). Depuis, les choses se sont accélérées pour le patron de Morning, écarté de sa Fintech pourtant citée comme prometteuse mais épinglée par l’ACPR en décembre pour des problèmes réglementaires. Cette jeune pousse qui voulait « réveiller la banque » a dû se résoudre à laisser les commandes à la banque Edel et à son actionnaire de référence, MAIF. Dans cette histoire, comme souvent dans ce type de configuration, le fondateur, celui qui a pris tous les risques et qui a porté une idée jusqu’à l’embryon d’une création de valeur, souvent trop axée sur celle d’un outil technologique, se retrouve évincé et la gouvernance tombe alors dans un schéma redevenu « traditionnel » avec le positionnement de cadres dudit grand groupe pour donner à la startup, l’organisation de sa « maison mère », faisant fi des projets initiaux qui étaient d’apporter de l’agilité au groupe par l’absorption d’une startup agile mais tellement fragile.
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52 ans passés à imaginer le futur avec, notamment, la participation à 52 projets d’entreprise. Un parcours professionnel et personnel qui a eu des effets positifs sur ma compréhension des autres, de leurs attentes, des miennes et des évolutions sociétales.
Une vie professionnelle axée sur l’appropriation de la technologie avec toujours en tête, l’objectif d’améliorer les processus de production et d’augmenter les capacités d’épanouissement des opérants dans leur quotidien, ce que l’on nomme le « Human centric » et aussi le « Consumer centric ».
Ma question sera éternellement, « où est la place de l’humain », dans la compréhension d’une société en pleine transformation numérique #TransfoNum ? Et comment lui donner tout son sens avec les révolutions technologiques qui modifient notre mode de vie en profondeur.
C’est en ce sens que j’ai imaginé AssurDeal. Cette plateforme a pour mission d’accompagner les courtiers d’assurance, qui sont des entrepreneurs de proximité, audacieux et innovant, dans l’évolution rapide de leur métier. AssurDeal a pour vocation d’éclairer avec bienveillance ces entrepreneurs et pour certains, startupeurs au travers des Insurtech, dans leur réflexion sur les différents aspects de ce que devraient être leurs actions à mener pour faire partie des solutions de demain, en anticipant et accompagnant la métamorphose des attentes de leurs clients.
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