[100 #PortraitDeStartuper] Extrait – Loïc Dosseur – Paris&CO

100 #PortraitDeStartuper – Extrait – Loïc Dosseur – Paris&CO

Brève histoire de l’écosystème startups en France

15.000 startups, il y aurait environ 15.000 startups aujourd’hui en France (toutes formes de définition confondues) sur un total de 3 millions d’entreprises (soit 0,5%).

Une goutte d’eau, bouillonnante, dans la grande mare de l’entreprise.

Une espèce nouvelle, exotique, un brin envahissante, éventuellement prédatrice.

Un virus à fort pouvoir de contamination qui bénéficierait d’un environnement particulièrement propice à sa survie et à son développement rapide.

Existe-t-il un « éco système » spécifique à ces jeunes entreprises innovantes susceptibles d’offrir des conditions favorables à leur croissance ? Et celui-ci est-il favorable à leur croissance ?

Au tout début du siècle, les prémices de cet écosystème sont posées avec l’apparition d’un certain nombre de dispositifs publics dans la plupart des régions avec une approche, bien française, de subventionnement massif et d’orientation par l’Etat. Les incubateurs de recherche fleurissent de ci de là à grands renforts de fonds publics et avec l’idée « forte » que les startups émergeront de la recherche publique. Ils s’implantent dans des technopoles bien territorialisées ou l’acteur public reste dominant.

Eco système primaire constitué de lieux autorisés, d’un nombre restreint d’élus, de bénéfices exorbitants pour ces derniers (gratuité totale, financements massifs), avec pour conséquence une créativité et pression entrepreneuriale faibles. La création d’entreprise n’est pas forcément vue d’un bon œil, elle n’est que rarement un parcours choisi par les jeunes diplômés des meilleures écoles.

Pendant ce temps, de l’autre côté de l’Atlantique, naissaient Google, Facebook, Amazon, Apple.

La seconde phase récente est à situer fin 2007 et l’apparition du 1er IPhone, l’arrivée massive de la mobilité connectée et la possibilité de créer une entreprise sans rupture technologique, à moindre coût, juste sur la base d’une nouvelle approche des usages.

Un certain nombre de dispositifs, déconnectés des codes précédents voit le jour dans différentes régions. Outils de conseils, de réseaux, de financements, ils participent activement de la création d’une communauté d’entrepreneurs d’un nouveau genre. Silicon Sentier (devenu Numa) en est, à ce moment-là, l’une des incarnations les plus fortes.

Il ne s’agit plus seulement d’incuber des projets, d’accompagner une maturation technologique, mais bien plutôt de favoriser le transfert d’expériences, l’acquisition rapide d’outils et méthodes éprouvés par des précurseurs.

La politique de la Ville de Paris, par la réalisation d’un vaste plan immobilier et un changement du modèle économique de l’incubation (financement direct des startups et non plus des structures d’incubation), a enclenché une transformation notable du paysage parisien des entreprises innovantes en le faisant sortir de l’approche subventionnée.

Cette dynamique a contribué à créer un « marché » de l’incubation et plus largement de l’appui au développement de startups. Un mouvement était émergent, il a subi à ce moment-là une accélération forte.

Quelques années plus tard, ce paysage bouillonne de toutes parts : investisseurs privés créant leurs lieux d’innovation, accélérateurs (50Partners, Numa, Axeleo,…), plateformes d’innovation associant grands groupes et startups telles que celles développées par Paris&Co (Welcome City Lab, Le Tremplin, SmartFood Paris, etc.), incubateurs d’écoles (Ensam, ESPCI, SciencesPo, …) ou encore Labs de grandes entreprises.

Enfin, les concours, événements, grands messes se multiplient à foison : BIG, Paris Founder Event, Hacking de l’Hôtel de Ville, Grands Prix de l’Innovation, Vivatech, Futur en Seine…

Nous sommes tentés de voir dans cette dynamique un ensemble de signaux positifs, pourvu que le Système ne rattrape pas l’Eco système, que le bouillonnement créatif demeure et continue de se développer.

Le signal le plus positif nous semble être celui de la vision portée par la société sur l’univers startup.

Il est désormais autorisé, voire bien vu, d’envisager d’être entrepreneur, quel que soit son âge. Jeune diplômé plus attiré par la création d’une startup que par une carrière de cadre sup, cadre sup souhaitant vivre son projet et trouver une nouvelle forme de liberté, chacun peut tenter l’aventure et le revendiquer. Etre startupeur est tendance, ce n’est plus un sujet réservé à quelques-uns.

Les lieux se multiplient, les approches se diversifient, s’internationalisent, autant d’éco systèmes spécifiques dans l’Eco système global de l’innovation. Ce n’est plus un système unique mais une multiplicité riche en opportunités où chaque individu est libre d’aller puiser. Le système n’est plus territorial et propriétaire, il est apatride et d’une certaine façon uberisé.

Dans cet enthousiasme général, il nous semble néanmoins intéressant de regarder de près deux signaux, potentiellement à risque.

Le premier vient paradoxalement du terme « startup ». Au-delà de notre petit cercle professionnel parlant un même langage, ce terme continue très majoritairement de renvoyer à l’image de quelque chose de fragile, d’éphémère, voire de passe-temps récréatif. Le danger serait que l’écosystème ne réussisse à envoyer autre chose qu’un message de geeks s’amusant à créer des applications dont la dimension économique reste bien floue. La disqualification qui en suivra sera brutale.

La dynamique dite d’Open Innovation vient réduire ce risque en rappelant les enjeux cruciaux de business qui sont à la clé, la volonté entrepreneurial des fondateurs de startups. Rares sont ceux qui peuvent se permettre de faire ça juste pour s’amuser. Leur objectif est économique, ce sont avant tout des entrepreneurs, le chiffre d’affaire leur obsession.

Le second est corrélé avec cet engouement en hyper croissance pour cet univers dynamique. Le sujet startup est tendance, il devient alors pain béni pour les communicants et autres as du marketing ou du consulting. Vous voulez de la startup, alors vous aurez droit à des séminaires, des salons, de la publicité startups.

Si la startup fait vendre en donnant de la grande entreprise une image d’innovation, pourquoi se priver.

L’enjeu de business, de croissance économique, doit à nouveau l’emporter sur les enjeux de pure communication.

L’écosystème startups est un mouvement global, multiple et en croissance. Il est porteur d’une responsabilité forte pour lui-même et pour ceux qu’il prétend vouloir accompagner, celle de passer de l’âge de l’émergence à celle de la maturité, celle de la création à celle de la crédibilité. Il est une startup en lui-même et le marché sera impitoyable pour détruire ce qu’il adore aujourd’hui si les résultats ne sont pas au rendez-vous à court terme. L’écosystème startups doit devenir un écosystème de business ou il disparaitra.


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De formation économique, Loïc Dosseur a créé et développé différents outils de financement alternatif destinés aux entreprises. Dans différentes régions et dans des champs aussi variés que la création de TPE en zone urbaine sensible, la transmission de PME ou l’appui à l’innovation.

De 2010 à 2014, après avoir dirigé Scientipole Initiative, fonds de prêts d’honneur dédié à l’innovation, il a rejoint Jean-Louis Missika, adjoint au maire de Paris en charge de l’innovation, de la recherche et des universités comme chef de cabinet et conseiller en innovation. Il est intervenu en particulier dans le renforcement de la dynamique d’innovation à Paris et dans la réalisation du programme immobilier de 100.000M² à destination des startups.

Depuis juin 2014, il est co-directeur général de Paris&Co, agence de développement économique et d’innovation de Paris. Développement de plateformes d’innovation ouverte en lien avec plus de 50 grandes entreprises, incubation de startups, conduite de programmes d’expérimentation, création de grands événements sont ses principaux champs d’action.

Site internet : http://www.parisandco.paris
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