[#80PortraitDeStartuper] Extrait – Un des piliers de la nouvelle économie, c’est l’ open innovation #FrenchTech @babgi
#80PortraitDeStartuper – Extrait – Un des piliers de la nouvelle économie, c’est l’ open innovation
13 avril 2100. Des historiens spécialistes de l’Ere numérique – archéologues de systèmes d’information qui auront totalement disparus – font une découverte surprenante : ils récupèrent, enfouis dans un disque dur rongé par la rouille, des traces d’un brevet appartenant à une grande entreprise du secteur automobile.
L’artefact, qui a plus d’une centaine d’années – une éternité à l’Ere numérique – est un symbole de « l’Ancienne économie » : celle où l’on protégeait l’innovation – à coups de brevets et de millions de dollars d’investissement en R&D – face à l’Autre, incarné par le concurrent. Il fallait investir plus vite, plus fort que la concurrence et poser immédiatement un brevet à la moindre avancée technologique.
Mais dans la « Nouvelle économie » dominée par le numérique, l’Autre n’est plus cet infernal concurrent, mais une multitude d’acteurs venant pour certains de nulle part, ou presque : étudiants suivant gratuitement les derniers Moocs du MIT, chercheurs, passionnés, start-uppers … Dans cette nouvelle économie, l’Autre – ou devrions nous parler des autres (« multitude » oblige) – n’est pas forcément une menace mais plutôt un partenaire.
L’un des piliers de cette nouvelle économie, c’est l’ open innovation, ou la mise à disposition de la technologie, par ceux qui la possèdent, grands groupes, start up, laboratoires, sur des plateformes dédiées. Son corollaire, l’open API, désigne une interface de programmation permettant à des applications tierces d’accéder à du contenu. Ainsi, par exemple l’API de Google Maps pourra être utilisé par n’importe quel développeur pour intégrer un service de cartographie dans le site ou l’application mobile qu’il code.
Ce principe, les start up l’utilisent depuis longtemps. Facebook publie depuis plusieurs années l’ensemble de la recherche. L’intelligence artificielle, dont on parle tant ces derniers mois, regorge de projets d’open innovation ; là encore, le groupe de Mark Zuckerberg en est un bel exemple, comme en témoigne le partenariat signé entre son laboratoire de recherche parisien et l’INRIA.
Les grandes entreprises elles aussi, multiplient les initiatives, même si pour certaines d’entre elles, le concept n’est pas nouveau : Procter & Gamble fait figure de pionnier avec sa plateforme « Connect & Develop », lancée au début des années 2000. En France, Engie, qui a obtenu en octobre dernier la 2e place du eCac40 – qui classe les entreprises selon leur maturité numérique – a elle aussi sa propre plateforme d’open innovation.
Mais revenons à notre brevet automobile. Elon Musk, le CEO de Tesla, créa la sensation il y a quelques mois en expliquant de façon très naturelle que quiconque connecterait ses véhicules à sa plate-forme digitale aurait le droit d’utiliser gratuitement cette propriété industrielle. Une révolution copernicienne dans une industrie où le brevet est perçu comme un avantage concurrentiel majeur.
Et pour cause, cette ouverture de l’accès à l’innovation révolutionnera les stratégies d’entreprise : l’avantage concurrentiel en matière d’innovation ne résidera plus dans la possession (le stock) d’innovation, mais dans la capacité à mobiliser la multitude (le flux) dans une optique de co-création. L’innovation ainsi ouverte sera enrichie de l’apport d’une foule d’acteurs aussi divers les uns que les autres. Il s’agit d’aller chercher à l’extérieur des idées, des compétences qui compléteront celles qui s’expriment en interne. Au final, l’expérience utilisateur du produit, du service s’en trouvera considérablement améliorée.
L’économie collaborative, largement fondée sur la notation des services par les utilisateurs, n’en est que l’un des tous premiers bouleversements. Mais par « économie collaborative », on entends moins ces plateformes comme Airbnb ou Blablacar, qui font des particuliers des professionnels, que des modèles open source comme les fablabs.
Les fablabs, ces ateliers ouverts dédiés à la réalisation d’objets avec des outils open source, de petites équipes effectuent, dans des domaines aussi variées que la robotique ou la bio-santé, des avancées que certaines entreprises prennent des années à réaliser.
C’est là la seconde révolution induite par les start up. Celle du bouleversement des organisations. Les silos et la verticalité de celles-ci laisseront place à la transversalité de petites équipes ultra-agiles au fonctionnement cellulaire et horizontal. Equipes qui seront composées probablement non plus de salariés mais de travailleurs autonomes réactualisant à intervalles réguliers leurs compétences. L’holacratie, ou fonctionnement sans hiérarchie, actuellement expérimentée par des start up comme Zappos, sera peut-être la norme. Il est ainsi très probable que les archéologues de la fin du 21ème siècle s’intéressent également aux organigrammes des entreprises de l’ancienne économie.
Gilles Babinet est un multi-entrepreneur français, né en 1967, à Paris. Il est actuellement « Digital Champion » pour la France auprès de la Commission Européenne.
Il a créé de nombreuses sociétés dans des domaines aussi divers que le conseil (Absolut), le batiment (Escalade Industrie), la musique mobile (Musiwave), la co-creation (Eyeka), les outils décisionnels (CaptainDash)…
En Avril 2011, Gilles Babinet est élu premier Président du Conseil national du numérique. Le Cnnum a pour charge d’éclairer les pouvoirs publics sur les enjeux de l’économie numérique et d’améliorer le dialogue entre le gouvernement et le secteur de l’Internet. Sous sa présidence, Gilles Babinet oriente le Cnnum sur des travaux de réforme de l’État et de compétitivité, en particulier le Cnnum s’est engagé sur le développement de l’e-éducation, du financement de l’innovation, de la fiscalité du numérique, et de l’open-data.
C’est en Juin 2012 qu’il est nommé Digital Champion par la ministre déléguée au Numérique, Fleur Pellerin. Il représente à ce titre les enjeux du numérique pour la France auprès de la Commission européenne. Gilles est également un contributeur actif de l’Institut Montaigne où il a participé à de nombreux travaux sur le numérique, la compétitivité et la réforme des institutions par le digital.
Gilles Babinet publie en Février 2015 l’ouvrage “ Big data, penser l’homme et le monde autrement”, qui fait un tour d’horizon de ce que permet cette nouvelle technologie, et traite en particulier les enjeux de société qu’elle implique. Cette publication suit son premier ouvrage intitulé « L’Ère Numérique, un nouvel âge de l’humanité”, paru en janvier 2014 et dans lequel il met en avant l’impact des technologies, des concepts ainsi que des modes de pensées issus de la sphère digitale sur le monde tel qu’il existe aujourd’hui. En septembre 2015, Gilles a également publié, en partenariat avec Les Echos, le baromètre de l’agilité digitale des acteurs du CAC40, le eCAC40.
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